COMMENT L’ÉQUITATION VA-T-ELLE SURVIVRE AU MOUVEMENT ANTI-SPÉCISTE ?
En découvrant la tribune de Bertrand Piganiol sur la mise en danger des sports équestres au regard du mouvement anti-spécistes (à lire ci-dessous), je me suis souvenue avoir déjà évoqué le sujet il y a deux ans dans mon article “L’association végane 269 Life s’attaque aux cavaliers”. Le message de l’association végane était clair : les chevaux ne sont pas des machines ! En tant qu’amoureux des chevaux, on ne peut qu’être d’accord sur ce point. J’ai relu mon article, j’ai relu la tribune de Bertrand Piganiol et je me suis demandée : qu’est-ce qui a changé en deux ans ?
Côté société, on a vu s’établir une montée en puissance du véganisme (dans le secteur agro-alimentaire, le comportement de consommation, le marketing) et une sensibilisation plus pointue et massive à la causse animale fortement appuyées par des associations et des personnalités influentes qui ont su se servir d’une main de maître des réseaux sociaux. C’est pour la bonne cause, même si les méthodes sont largement discutables.
Et côté sports équestres ? Et bien pas grand chose. Je perçois une légère évolution des mentalités et des actions qui en découlent mais elle est lente, très lente, et désorganisée. Il persiste des clivages, la remise en question n’est pas toujours évidente, l’égo de certains cavaliers passent parfois avant le bien-être de leur cheval… La notion de soumission du cheval, ce serait-ce que dans le terme “dressage”, est encore bien trop supérieure à la notion de partenariat et de communication avec l’animal dans la pratique de l’équitation (suggestion : Équipement équestre : outil de soumission ou de communication ?). Aussi, l’imaginaire de l’équitation dans la pensée du grand public, qui passe notamment par les campagnes de communication de la fédération, se rapporte fortement à l’image du poney-club, des poneys à la queue leuleu dans des manèges étroits. Et quand on apprend à monter à cheval, on nous dit que pour faire avancer le poney, il faut lui donner des “coups de talons”. Il y a un problème dans le champ lexical de notre sport, dans l’imaginaire que l’on a créé autour de l’équitation depuis une trentaine d’années mais pas que.
Dans le sport à plus haut-niveau, cela peut parfois être rude. Bertrand Piganiol le souligne, il persiste un certain laxisme des institutions équestres face aux mauvais comportements de certains cavaliers, professionnels ou non. Les sanctions, quand il y en a, restent encore trop peu nombreuses, pas assez punitives voire contournables (ne serait-ce qu’en changeant de pays !). Parce que l’argent, parce que les influents, parce que les intérêts. On continue de penser à titre individuel quand il faut penser collectif.
Non, s’agripper fortement à sa rêne droite au-dessus d’un oxer provocant ainsi la mort du cheval, ce n’est pas ok. Non, faire galoper son cheval jusqu’à épuisement, ce n’est pas ok. Non, donner des coups de cravache sur les antérieurs avant le barrage parce qu’on va récupérer sa commission en cas de classement, ce n’est pas ok. Ces actes isolées ne devraient pas être traitées comme des actes isolés mais pour ce qu’ils sont : des actes de cruauté. Il faut montrer que quand on aime les chevaux, quand on les veut dans nos vies, quand on en fait son métier ou simplement son loisir, ce type de comportement n’est pas ok. Il n’y a qu’en punissant avec justesse les auteurs qui mettent à mal l’image du sport que nous pourront nous montrer cohérent dans notre passion pour le cheval et faire en sorte d’être respectés et intouchables aux yeux de nos détracteurs.
Les anti-spécistes sont au pied de notre porte, plus motivés et armés que jamais avec une force médiatique bien plus puissante que la nôtre. Il est vraiment temps que les institutions changent leur fusil d’épaule pour inverser la vapeur et que chaque acteur de la filière équine prenne conscience de son rôle à jouer dans la pérennisation des sports équestres.
TRIBUNE – ÉCRITE PAR BERTRAND PIGANIOL, DIRIGEANT DE L’AGENCE DE COURTAGE ET DE COMMERCE DE CHEVAUX WANAHORSE
Récemment le RIP Animaux (référendum d’initiative populaire) a été lancé par le journaliste Hugo Clément. L’initiative est louable car il est question de l’élevage en batterie, des chasses, parmi lesquelles le déterrage et la chasse à courre, des expérimentations animales, et tant d’autres choses. On notera au passage que l’abattage rituel, dont on sait l’atrocité des conditions, n’est visiblement pas un problème ! Et il n’y a qu’un pas pour attaquer également l’équitation ! D’abord, Hugo Clément s’appuie sur un groupuscule aux méthodes radicales, parfois violentes, mais qui, pour dénoncer d’authentiques scandales, reconnaissons-le, n’en est pas moins une organisation extrémiste : L214. Comment cela fonctionne-t-il : des photos choc, des slogans, de l’émotion. Des choses qui remueraient le cœur du plus fervent dévoreur de BigMac !
A quand des photos chocs et du sensationnel sur notre sport ? Les antispécistes radicaux sont bien présents au sein de L214 et du Parti animaliste. L’antispécisme exige aujourd’hui violemment la « libération » des bêtes. Cela supposerait d’interdire tout produit d’origine animale, ainsi que des pratiques jugées « oppressives » (équitation, chasse, zoos…). « L’antispéciste est au végane ce que l’intégriste est au croyant » (Ariane Nicolas, journaliste).
Alors, méfions-nous de ces tendances (dérives ?) radicales actuelles. Je prends l’exemple des anti-masques qui considèrent que le port de celui-ci est liberticide. Je peux donc considérer que le feu rouge est liberticide puisqu’il me fait perdre du temps. Sauf qu’il a été instauré pour ma sécurité et celle des autres. C’est absurde !
Dans notre monde équestre, nous ne pouvons pas ignorer ces dérives de raisonnement et l’imposture antispéciste. On pourrait bientôt nous censurer de nos livres d’équitation les mots « mors », « obéissance » et « soumission ». Soit dit en passant, nécessaires à une relation harmonieuse avec nos chevaux et sans faire d’anthropomorphisme. Mais là, j’entends déjà crier les anti-spécistes !
Il serait souhaitable et urgent que la FFE et la FEI prennent conscience de ce nouveau monde et revoient leur copie quant aux différents règlements (je rêve ???). Non Monsieur Serge Lecomte, les poneys ne sont pas des jouets pour les enfants et des enseignants bien formés (!!!) devraient sensibiliser ces petits cavaliers en herbe à devenir des hommes de chevaux !!! Ce serait un pari gagnant-gagnant !
Je vois encore trop d’horreurs sur les terrains de concours. Il y a encore trop de commissaires de paddocks et de président de jury beaucoup trop laxistes ! Les bons comportements avec nos chevaux sont de notre responsabilité à tous et ne donnons pas l’occasion aux radicaux de venir faire des photos-reportages à sensations chez nous ! Nous pratiquons l’équitation par amour des chevaux et dans la société actuelle, nous devons être très vigilants quant à la pérennité des sports équestres.
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