Florine Wedlarski, vétérinaire au Parc Zoologique Bioparc à Doué-la-Fontaine (49) et spécialiste de l’entraînement médical animalier, a partagé son expérience avec l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation) pour développer une nouvelle approche comportementale avec les chevaux. Inspirée par ses méthodes utilisées avec les rhinocéros, elle met en lumière l’utilisation du clicker et du target pour encourager la coopération des animaux lors de soins de base. Dans cette interview, elle nous explique sa collaboration avec l’IFCE et les bénéfices de son approche basée sur le renforcement positif.
Pégase Daily : Quand avez-vous été contactés par l’IFCE et pourquoi ?
Florine Wedlarski : Nous avons été contactés il y a quelques mois par l’IFCE, qui souhaitait développer une nouvelle approche comportementale avec les chevaux. Nous avions déjà mis en place une méthode similaire avec les animaux sauvages, car avec eux, il est impossible de les contraindre, donc nous travaillons uniquement sur la base du volontariat. C’est ce qu’on appelle l’entraînement médical, qui nous permet d’habituer les animaux à coopérer pour des soins de base. Par exemple, avec les rhinocéros, nous effectuons des prises de sang et des parages simplement en leur apprenant à se mettre dans une certaine position et à rester immobiles pendant la procédure, même si elle peut parfois être un peu douloureuse.
L’idée de collaborer avec l’IFCE était de leur montrer notre approche en travaillant avec les rhinocéros devant eux, afin de les inciter à développer une méthode similaire pour les chevaux. Nous avons échangé sur nos pratiques respectives pour que chacun puisse évoluer.
Quels sont les outils que vous utilisez ?
Nous utilisons deux outils principaux : le clicker et le target. Le clicker est un petit objet qui émet un son distinctif lorsque vous appuyez dessus. Cela permet de signifier à l’animal que le comportement qu’il vient de faire est celui attendu, et la récompense suit. Par exemple, si nous demandons à un animal d’ouvrir la bouche, nous cliquons dès qu’il le fait, pour lui indiquer que c’est ce que nous voulons, et ensuite nous lui donnons sa récompense.
Le target, quant à lui, est une boule colorée fixée au bout d’un bâton. C’est l’un des premiers exercices que nous apprenons aux animaux : venir toucher la cible avec leur nez. Ensuite, une fois qu’ils ont compris que cela leur vaut une récompense, nous pouvons leur apprendre à se positionner d’une certaine façon en déplaçant la cible, ou à se déplacer, à nous suivre, etc.
Pourquoi avoir choisi les rhinocéros comme exemple ?
Nous avons choisi de travailler avec les rhinocéros car ils font partie de la même grande famille que les chevaux, marchant sur un nombre impair de doigts. Cela les rend plus similaires aux chevaux que d’autres espèces comme les ruminants. Cette similitude facilite l’application de nos méthodes de travail avec les chevaux.
Est ce que le clickers et le target servent à dresser les rhinocéros ?
Effectivement, le clicker et le target représentent une forme de dressage, mais avec une approche entièrement basée sur le positif. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui peuvent impliquer des punitions pour les comportements non désirés, cette approche se concentre uniquement sur le renforcement positif.
L’objectif est d’encourager et de récompenser les comportements souhaités, plutôt que de sanctionner ceux qui ne le sont pas. Cela favorise un lien de confiance et de coopération entre l’animal et le soigneur. De plus, comme vous l’avez souligné, cette méthode peut également offrir une stimulation enrichissante aux animaux, car elle leur propose des activités qu’ils apprécient généralement.
En privilégiant le renforcement positif, cette approche est souvent considérée comme plus respectueuse du bien-être animal et peut conduire à des résultats durables et harmonieux dans la relation entre l’animal et l’humain.
Il est intéressant de noter que pour les rhinocéros, les récompenses sont principalement alimentaires, mais ils apprécient également les caresses. Cela souligne l’importance d’adapter les récompenses en fonction des préférences individuelles de chaque animal. En offrant des récompenses qui sont à la fois motivantes et agréables pour l’animal, non seulement nous renforçons les comportements souhaités, mais nous favorisons également une relation positive et enrichissante entre l’animal et le soigneur.
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